Qu'est-ce qu'un Carmen ?
C’est l’habitation typique de Grenade et c’est pour cela que la ville est nommée également « cité des carmens ».
Le carmen a une origine arabe autant par son nom que par ses caractéristiques architecturales et spatiales. Pour les arabes « karm » signifie littéralement « vigne » et c’était d’ailleurs une norme quasi générale que tous les carmens aient une treille qui protège du soleil l’entrée principale de la maison.
Dans le carmen on trouvera la fusion parfaite entre l’espace édifié et l’espace vert. C’est dans ce dernier que s’unissent les concepts de verger et de jardin. Cette union convertit le carmen en un paradis personnel où jouir au maximum des 5 sens : La vue et le parfum des fleurs et des arbres, la saveur des fruits du verger, la sensation de la douceur des pétales de roses ou de l’eau qui s’échappe entre les doigts, le chant des oiseaux et le murmure des fontaines. Car, l’autre élément indispensable dans ce type de maison c’est l’eau. Cette eau qui ne sert pas seulement pour se désaltérer ou pour arroser, mais qui est aussi tout un symbole de vie. Contenue dans les bassins, elle est immobile et paraît être un miroir, ou bien dynamique elle jaillit des fontaines ou encore elle court le long des petits canaux d’arrosage en chantant.
Si le terme de paradis a été utilisé précédemment c’est parce qu’il définit avec une grande exactitude ce que signifie ce type de maison pour son propriétaire. Le carmen est la représentation de la beauté de l’espace intérieur, défendue par des murs et des grilles, de la curiosité ou de l’envie des autres à l’extérieur.
C’est un monde particulier privé et sélectif, qui surprend quand on arrive à en saisir ce qui en constitue l’élément essentiel : profiter d’une vie simple dans la contemplation des beautés de la nature et cela, bien qu’il soit situé au cœur de la vieille ville historique et près de tous les principaux monuments et lieux de sortie.
Le poète Grenadin Pedro Soto de Rojas (1584-1658) qui voyait Grenade entière comme un carmen l’a exprimé ainsi : « Grenade paradis fermé pour beaucoup, jardin ouvert pour très peu ».